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« On se la raconte », un dispositif antiraciste innovant.

Le 27 novembre prochain aura lieu le lancement du webdocumentaire « On se la raconte » à la péniche Metaxu (Pantin), fruit d’un long travail mené par l’association Remembeur. L’enjeu du film, c’est de rendre la parole à ceux à qui elle a été confisquée : les discriminés. Pour en savoir plus, on a rencontré Ali Guessoum, qui est à l’origine du projet « On se la raconte ».

 

Ali Guessoum, « On se la raconte », c’est quoi ?

C’est un web-documentaire restitutif d’une aventure commencée en 2014 qui s’articulait en 3 temps:

– concevoir et produire des outils novateurs d’expression (expo, films, scénographie ambitieuse)  sur les questions relevant de la dénonciation du racisme, des discriminations et des préjugés.

– entreprendre des temps de diffusion, d’échange,  et de médiation de ces outils dans un mode itinérant

– faire réagir et permettre l’expression de celles et ceux dont la parole est le plus souvent confisquée depuis des années: les discriminés.

– restituer le tout sous la forme d’un outil digital accessible à tous en ajoutant des regards d’experts comme ceux d’Ahmed Boubeker, Patrick Simon ou Fabrice Dhume.

 

Comment t’est venue l’idée du bus itinérant ?

Au tout départ, je souhaitais un dispositif d’itinérance avec une cabine téléphonique, le fameux téléphone arabe où comme sur le répondeur de Mermet dans Là-bas si j’y suis, les auditeurs en occurence les spectateurs, pouvaient laisser un témoignage sur leur vécu ou ressenti.

La construction de cette cabine s’avérant trop complexe et couteuse, nous nous sommes rabattu sur l’utilisation d’un bus équipé d’une salle de projection, et d’un espace à l’avant du bus qui pouvait être aménagé en studio d’enregistrement vidéo.

C’est l’association Bus Le Caravansérail qui détenait cet ingénieux dispositif (dont j’avais découvert l’existence grâce à une ballade urbaine qu’elle organisait à Aubervilliers) qui nous a finalement permis de concrétiser ce rêve d’itinérance. Un grand merci au passage à Hervé Herrero et toute sa fabuleuse équipe pour sa contribution à cette belle aventure.

Dans le bus, des dizaines de participants ont témoigné sur leur expérience des discriminations.

Comment le public a réagi ?

On a toujours de l’appréhension lorsque l’on mise sur la provocation, l’humour et le second degré pour aborder et dénoncer des sujets graves comme le racisme et  l’instauration durable des discriminations diluées dans bon nombre de strates de notre société. A ma grande et bonne surprise la plupart du public a réagi avec un sourire complice, pour les plus jeunes néanmoins, la médiation n’était pas de trop pour désamorcer  » les nerfs à fleur de peau »  d’un sentiment fort et ancré de rejet.

Nous avons été par ailleurs bluffé par l’acuité des témoignages recueillis, pour la plupart d’entre eux, l’analyse de leur vécu était brillante et le fruit d’un recul impressionnant de clairvoyance.

Pour d’autres, parler et être écouté sans être interrompu ni jugé a eu l’effet d’une catharsis, leur paroles les soulageant finalement de leurs maux dits.

 

Quel type de témoignages as-tu collectés ?

On voulait d’abord inviter un grand témoin Ahmed Boubeker afin qu’il replace dans le curseur de l’histoire, les premiers stigmates des discriminations dont furent l’objet les immigrés et les enfants héritiers de l’immigration.

Ensuite ce fut un panel très large allant d’habitants des quartiers populaires, aux badauds parisiens attirés par ce dispositif insolite installé place de la République, en passant par des militants associatifs, travailleurs sociaux, étudiants, ou retraités.

 

Quels outils pédagogiques ont été créés à cette occasion ?

Une exposition de plus de 25 affiches, et 6 films d’animation thématiques (discriminations à l’embauche, au logement, au genre, à l’éducation, et à l’origine)

 

À quoi sert la plateforme onselaraconte.fr ?

Pour citer mon ami Mabrouck Rachedi, si l’histoire du chasseur était contée par le lion, le récit ne serait certainement pas le même.

Il est donc essentiel de se réapproprier sa propre histoire, d’en maitriser le récit, avant de passer le relais aux véritables experts que sont les citoyens concernés par le racisme, et la discrimination.

Cette expertise vaut d’être mise en valeur et en partage pour que cette parole libérée circule et diffuse les bonnes ondes du « téléphone arabe » à l’heure où celles nauséabondes d’une extrême droite décomplexée monopolisent les chaines d’information et autre sphères fâcheuses et fachos.

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Nos destins animés : LES ZARBIS

Inspiré des Shadoks, « Les Zarbis » traite des discriminations liées au territoire et interroge le regard social sur les habitants des quartiers populaires. Nos destins animés ce sont 6 films animés de 2 à 3 minutes sur la plateforme www.onselaraconte.fr. Ils abordent chacun un type de discrimination, avec des univers graphiques et des champs sémantiques différents faisant écho à la culture populaire